Des taux de réussite très supérieurs à la moyenne nationale. Des établissements à taille humaine. Un accompagnement personnalisé des étudiants. Voilà des raisons parmi d’autres qui expliquent le boom des universités catholiques en France. Entre 2003 et 2016, le nombre d’étudiants en licence, master ou doctorat a doublé, passant de 14.000 à 29.000, comme le rappelle Jean-Louis Vichot, directeur général de l’Udesca, qui regroupe les cinq «Cathos» de France (Angers, Lille, Lyon, Paris, Toulouse). À la rentrée 2016, leurs effectifs ont grimpé de 6 à 8%, bien plus vite que la population étudiante générale (+ 2,6%).
Cet engouement a par exemple conduit l’université catholique de Lyon (UCLY) à quitter ses locaux historiques de la place Bellecour, devenus trop exigus, pour s’installer dans une ancienne prison, dans le nouveau quartier des Confluences. Dans le 6e arrondissement de la capitale, l’Institut catholique de Paris va augmenter ses capacités d’accueil d’ici à 2018 au terme de travaux de rénovation. Voici les 4 raisons de cet étonnant succès .
● Des universités à taille humaine qui misent sur l’épanouissement personnel
«Le personnel est formé pour être à l’écoute des étudiants»Denis Simon, responsable Carrière à l’université catholique de Lille
«Les universités catholiques s’intéressent au développement de la personne, et pas seulement à la transmission des savoirs. Cela fait partie de la doctrine de l’Église», explique Jean-Louis Vichot. Elles misent sur l’accompagnement personnalisé des étudiants, facilité par les faibles effectifs des promotions. Chaque université accueille en moyenne 6000 étudiants sur leur campus, idéalement situé en centre-ville. «Nos promotions vont de 20 étudiants en arts plastiques à 150 en psychologie, par exemple. Cela aide à nouer de vraies relations avec les enseignants», ajoute Véronique Giardina, directrice de la communication de l’Université catholique de l’Ouest (UCO).
L’encadrement personnalisé des élèves passe par des entretiens réguliers avec des responsables pédagogiques et, plus généralement, par un personnel à l’écoute. «Nous avons la même approche qu’une grande école. Nos enseignants doivent être au service des étudiants et les coacher dans leurs projets», note Denis Simon, responsable Carrière à l’université catholique de Lille. «Un entretien d’orientation est prévu en amont pour vérifier si le candidat ne se trompe pas de voie. Le cas échéant, nous lui conseillons une autre formation», ajoute-t-il.
«Dans la plupart des filières, les stages sont obligatoires dès la première année»Thierry Magnin, recteur de l’université catholique de Lyon (UCLy).
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● Des taux de réussite très supérieurs à la moyenne nationale
Cette proximité instaure un climat propice à la réussite. Selon l’Udesca, 70% des étudiants obtiennent leur licence en trois ans, alors que la moyenne nationale est de 27,5%. L’insertion professionnelle s’en trouve améliorée. «Dans la plupart des filières, les stages sont obligatoires dès la première année pour permettre aux étudiants de nouer, au plus tôt, des liens avec le monde socio-économique», explique Thierry Magnin, recteur de l’université catholique de Lyon (UCLy). La sélection à l’entrée de la plupart des formations implique d’avoir un niveau élevé… et aussi une motivation solide. Si les Cathos recrutent sur l aplateforme Admission post-bac, elles exigent les rélevés de notes et les avis des professeurs dans les filières les plus sous pression. Ainsi, peu d’étudiants s’y inscrivent par défaut.
«On voit moins d’étudiants touristes»Jean-Louis Vichot, président de l’Udesca
Autre barrière à l’entrée: les frais de scolarité. En moyenne, une année en institut catholique coûte jusqu’à 5000€… contre 200 à 500€ dans une faculté publique. Ces droits d’inscriptions sont échelonnés selon les revenus des parents. «Les étudiants et leurs parents évaluent le rapport coût/efficacité», assure Jean-Louis Vichot. Résultat: l’absentéisme se fait rare, d’autant qu’il peut être pénalisé. «On voit moins d’étudiants touristes», ironise-t-il. Néanmoins, la barrière du prix est levée grâce à différentes aides financières, comme la bourse d’État du Crous ou les bourses de solidarité des établissements. «Les universités catholiques comptent 35% d’étudiants boursiers, ce qui correspond à la moyenne nationale», précise Jean-Louis Vichot.
● Les universités catholiques ne sont pas sectorisées
Autre critère qui contribue à leur succès: la désectorisation. Les universités catholiques n’appliquent pas la priorité académique. Autrement dit, un lycéen peut candidater dans n’importe quelle université catholique de France et y être accepté. À l’inverse, l’université publique, bien que non sélective, donne la priorité aux bacheliers issus dans sa propre académie. Ce qui est un énorme avantage, en particulier pour l’ICP (Institut catholique de Paris), qui permet à un bachelier, même non parisien, de venir étudier rue d’Assas, au coeur de Paris.
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● Des formations tournées vers l’humain et l’éthique
Les universités catholiques proposent des enseignements religieux qui, laïcité oblige, sont absentes des bancs de l’université publique. Elles disposent toutes d’une faculté de théologie et/ou de sciences religieuses dont les diplômes sont reconnus par le Saint-Siège. Néanmoins, seuls 15% des étudiants y sont inscrits. Comme le rappelle Jean-Louis Vichot, «4000 étudiants ont suivi une formation canonique sur l’année 2015-2016».
Ainsi, une très grande partie des étudiants choisit de suivre une formation universitaire classique. Mais comme le précise Thierry Magnin, les enseignements véhiculent les «valeurs de l’humanisme chrétien». Les étudiants de l’UCLy bénéficient d’une «formation humaine» complémentaire à leurs études principales. Méditation, initiation aux arts, engagement humanitaire… Les étudiants choisissent trois modules parmi les 40 proposés et sont évalués dessus. «En licence de biologie, l’éthique représente 20% du temps de formation. Les enseignants abordent des problématiques très actuelles, comme la bioéthique», ajoute le recteur de l’UCLy.
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Le nombre d’étudiants a doublé en treize ans dans les universités catholiques. Leur fonctionnement et leur pédagogie, proches de ceux des grandes écoles, séduisent les bacheliers.